Vous savez, j’aime chaque livre sur lequel je travaille, sinon je ne les aurais jamais fait imprimer. Je ne pense pas qu’il soit juste de simplement vous balancer quelque chose à mettre sur le marché. Je pense trop à mes lecteurs et à mes personnages pour ça. Ma conviction personnelle c’est que vous méritez le meilleur et je fais de mon mieux dans tout ce que j’écris. L’inconvénient, c’est que parfois, la sortie de certains livres doit être déplacée parce qu’ils nécessitent plus d’écriture ou parce que j’ai écrit le livre et que je me rends compte qu’il est « mauvais » et que je dois le remanier complètement (comme Darkness Within). Le dernier est le plus dur car une fois qu’il est dans votre tête et que vous l’avez écrit sur le papier, il est difficile de tout annuler et d’aller dans une nouvelle direction. Mais quand quelque chose de fonctionne pas, un écrivain le sait et un lecteur aussi sait que le projet a été mis de côté, jusqu’à ce que l’écrivain puisse de nouveau y jeter un regard objectif. Ou de le jeter et d’oublier tous les mois/années de travail qui ne peuvent pas être sauvés. C’est vraiment la partie la plus difficile. TOUS les livres sont écrits dans le sang et les larmes. Mais aucun n’est gravé dans la pierre.

Cela étant dit, il y a des projets qui vous surprennent vraiment par leur profondeur, une profondeur dont vous ignoriez l’existence quand vous avez commencé. Oui, je vais commencer à tous vous agacer.
Styxx… Oh mon Dieu. Comme Acheron, c’est un livre en deux parties. La première se passe dans la Grèce Antique et sur l’Atlantide et puis, il y a l’histoire qui de déroule à l’époque moderne. L’écriture m’a demandé de revenir page par page sur « Acheron », « Night Embrace » (La Fille du Shaman), et d’autres histoires. Je n’oublie JAMAIS mes personnages ou leur spécificités, mais les deux livres (Acheron et Styxx) raconte une seule histoire, pourtant les récits se croisent rarement. Et quand j’écrivais Acheron en 2007 il y a un certains nombre de scènes, pour plusieurs raisons, que j’ai retirées du livre avant la publication. Et je suis revenue sur ses scènes qui sont maintenant dans leur intégralité dans Styxx. Dans un certains sens, Styxx est comme une édition non abrégée d’Acheron (pourtant, il n’y a presque aucune scène que vous ayez déjà vue dans Acheron. Elles sont toutes nouvelles et montrent d’autres aspects d’Ash, Styxx, Ryssa, Xerxes et Estes).

J’ai toujours connu la dynamique complexe d’une relation unique entre deux frères. Mais bien que je connaissais leur passé commun ou leur passé propre, j’étais ravie avec Acheron, je voulais qu’il haïsse Styxx et je l’ai traité de manière injuste, même si je savais pourquoi Styxx disait et faisait certaines choses. Jusqu’à ce que je me sois glissée dans sa peau et que je vois son monde avec ses yeux, et mon cœur se soit vraiment brisé pour lui. D’une certaine façon, je pense que son passé est pire que celui d’Acheron. Plus encore qu’Acheron, il a été placé entre le rocher et l’enclume. Marchant sur la corde raide pendant un ouragan de catégorie 5 sans aucun filet. Il est si facile de juger les gens sur la base de faits superficiels révélés au monde. Mais la plupart du temps, les gens n’exposent pas leur tragédie au public. Ils cachent derrière une façade de courage ce qui s’est vraiment passé, parce qu’ils sont gênés ou parce qu’ils ont honte ou parce qu’ils ont été marqués par leur passé et ont été ridiculisés ou pire, ils ont été qualifiés de menteurs car personne ne voulait croire à l’horreur de leur vie. Alors vous apprenez à tout garder pour vous-même et à ne jamais en parler. A sourire même quand vous êtes étouffés par vos larmes.

Non, il n’est pas parfait. Ce n’est pas non plus Acheron. Ils sont tous les deux des personnes instables qui s’accrochent à la colère issue de la douleur d’un passé brutal. Tous les deux essaient de composer avec des choses qu’ils ne peuvent pas changer, qui les accablent, et avec des gens qui les détestent à cause d’une naissance qu’ils n’ont pas choisie. Les deux faces d’une même monnaie.

Je pense que Styxx le dit mieux :

« Ils étaient deux frères. Ils jouaient. Ils riaient. Et ils se sont battus avec tout ce qu’ils avaient. Mais chaque fois que le combat de terminait, ils ôtaient la poussière et étaient de nouveau amis.

Toujours et pour toujours »

Le chagrin arrive quand d’autres personnes les séparent, mais la véritable tragédie c’est lorsque les deux frères se séparent d'eux-mêmes parce qu’ils ne veulent pas être blessés davantage, par personne. Pas même leur jumeau. Ash et Styxx ont tous les deux fait des erreurs en essayant de se protéger. Ils s’en sont tous les deux prit à l’autre sous l’effet de la colère ou de la peur. Parfois, sous le coup de la haine.

Ils ont débuté ensemble si purs et innocents. Une force unie contre un ancien monde brutal qui était très différent du nôtre. Meilleurs amis. Mais malheureusement, ils n’ont pas pu le rester. Comme Savitar le dit dans le livre « Les dieux font les rois, les fous et des pions de chacun de nous… de manière égale, mais pas de longueur égale. » Malheureusement, le monde et leur propre douleur personnelle est venue se mettre entre eux pour longtemps. Encore une fois, je vais utiliser les propres mots de Styxx: « Le temps change toutes les choses. Et elles ont rarement changé en mieux. »

Je veux continuer, je le veux vraiment, mais je ne veux pas vous gâcher tout le voyage. J’étais partie dans l’idée de détester Styxx. Pour le punir, mais il m'a rapidement séduite, et il m'a appris beaucoup de leçons en cours de route. Tout son livre nous apprend à danser alors que les pluies de l’enfer s’abattent sur nous. Pour trouver le cœur de cette force intérieur qui permet de défier les dieux, les destins et les ennemis qui sont déterminés à vous détruire.

Mais surtout, il parle des conséquences visibles et invisibles des jugements et des mauvais jugements portés sur les autres, de sacrifice personnel et de pardon. Sur le fait d’apprendre à tendre la main et à ne pas laisser le passé détruire votre avenir. Pour voir les gens non pas pour ce que nous voulons qu’ils soient, mais pour ce qu'ils sont et apprendre à les aimer, pas seulement pour qui ou ce qu’ils sont, mais parfois même en dépit de ce qu’ils sont. Surtout, il s'agit de la famille:

Ils étaient deux frères. Ils jouaient. Ils riaient. Et ils se sont battus avec tout ce qu’ils avaient. Mais chaque fois que le combat de terminait, ils ôtaient la poussière et étaient de nouveau amis.

Toujours et pour toujours

Je suis tellement fière de mes deux garçons. Acheron et Styxx. Tous les deux imparfaitement parfaits.

Et avec ça, je vais vous laisser avec une dernière citation de l'ouvrage :

« Le cœur le plus beau de tous est celui qui peut encore aimer même lorsqu’il saigne, et particulièrement après qu’il ait été brisé en mille morceaux. »


Traduction : Aliénora